• Lundi 10 janvier 2022
    Turkménistan
    La « Porte de l’Enfer », cratère en feu depuis plus de 50 ans au milieu du désert, devrait bientôt être éteinte, a annoncé le président turkmène à la télévision d’État, samedi 8 janvier. (Photo : Igor Sasin / AFP)
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    Le Turkménistan ordonne l’extinction de sa « Porte de l’Enfer », cratère en feu depuis cinquante ans

    Par Emile BENECH

    Un trou de 70 mètres de long et de 30 mètres de profondeur, d’où sortent des flammes, au cœur d’un désert hostile. Les photos, saisissantes, montrent un phénomène de combustion continue, qui durerait depuis près de cinquante ans. Le président turkmène a ordonné, samedi 8 janvier, l’extinction de ce brasier, principalement pour des raisons économiques.
    (Carte : Ouest-France)

    Le mystère n’est toujours pas élucidé, mais le président du Turkménistan, Gurbanguly Berdimuhamedow, souhaite passer à autre chose. Il a donné l’ordre de trouver une solution pour éteindre le brasier géant à l’intérieur du cratère de Darzava, dans le désert du Karakorum, rapportait la radio-télévision britannique BBC, dimanche 9 janvier. Également appelé « Porte de l’Enfer », ce site où brûle un feu permanent depuis un demi-siècle intrigue les scientifiques.

    L’origine de l’incendie encore inconnue

    L’origine de cette combustion continue, dans un cratère gazier de 70 mètres de diamètre, est encore inconnue. Si elle a longtemps été attribuée à une opération de forage dans les années 1970 par l’Union soviétique, l’aventurier gréco-canadien George Kourounis, qui est allé explorer les profondeurs du cratère en 2013, estime que personne ne sait réellement ce qu’il en est.

    « L’accident aurait également pu se produire en 1960, et le feu ne prendre que dans les années 1980 », estime celui qui a passé 17 minutes au fond du cratère enflammé, pour collecter des échantillons de micro-organismes capables de vivre à une telle température.

    Selon le magazine Forbes, environ 50 000 touristes auraient fait le déplacement jusqu’au cratère enflammé, entre 2008 et 2018 (Photo : Igor Sasin / AFP)

    Cette « Porte de l’Enfer » est rapidement devenue un site touristique pour le pays. Selon le magazine Forbes, quelque 50 000 personnes seraient allées visiter ce cratère entre 2008 et 2018.

    Mais le président turkmène estime aujourd’hui que le cratère a « un effet négatif sur l’environnement et la santé des populations voisines », selon des propos diffusés par la télévision d’État et rapportés par l’Agence France-Presse (AFP), dimanche 9 janvier. « Nous gâchons des ressources naturelles de grande valeur pour lesquelles nous pourrions recevoir des gains qui seraient utilisés pour accroître le bien-être de notre peuple », a-t-il ajouté.

    Les exportations de gaz, manne financière de l’État

    Si le tourisme rapporte un peu moins de 50 millions d’euros au pays, ses exportations de gaz ont été estimées à près de 4 milliards d’euros en 2020, rappelle le site Ulyces. Et la construction d’un nouveau gazoduc, exportant des dizaines de millions de mètres cubes de gaz vers l’Inde, le Pakistan et l’Afghanistan, pourrait accroître ce chiffre.

    L’un des plus gros pollueurs au monde

    Pour l’argument environnemental, en revanche, on pourra repasser. Le Turkménistan, avec ses 6 millions d’habitants, est l’un des plus gros pollueurs au monde. Ses infrastructures exploitant le gaz naturel n’ont pas été renouvelées ou très peu depuis la période soviétique, si bien qu’elles sont aujourd’hui vétustes. Les fuites sont donc nombreuses, expliquant ces importantes émissions de méthane. « Parmi les 50 plus importantes fuites de méthane mondiales depuis 2019 dans l’atmosphère, 31 proviennent du Turkménistan », indique la société d’analyse Kayrros.