Le succès de la prévention des phénomènes climatiques extrêmes, porté par le réchauffement planétaire

Ce service, dopé à l’intelligence artificielle, profite aujourd’hui à 25000 communes françaises via leurs assureurs et a été adopté par plusieurs industriels, dont Forvia, Veolia, les laboratoires Pierre Fabre... «Quand un risque climatique passe un seuil prédéfini, nous alertons le risk manager du groupe pour lui prédire ce qui va arriver peu de temps après sur tel site. Puis, les jours suivants, on donne l’évolution de la situation et on fait passer les consignes de sécurité, décrit Alix Roumagnac. Mais ce sont les personnes sur place qui décident quand fermer l’usine, mettre les machines en sécurité, laisser les salariés à domicile...»

Cet ingénieur a eu l’idée de ce service à la suite des inondations qui ont touché l’Aude et le Gard dans les années 2000, alors qu’il était directeur hydraulique à la Compagnie d’aménagement du bas Rhône et du Languedoc (BRL). «J’ai compris à ce moment-là que pour être efficace face à un phénomène extrême, il faut se préparer avant, être là pendant pour prendre les bonnes décisions, et après pour améliorer le dispositif». Il monte alors une équipe avec BRL, Météo France et Airbus qui donnera naissance à Predict Services en 2006, à Montpellier (Hérault), au capital de laquelle on retrouve ces trois sociétés.

Si la start-up était avant-gardiste, «le besoin est en explosion totale, car le dérèglement climatique a commencé et tout le monde comprend qu’il faut s’y préparer», juge le dirigeant. D’où l’émergence de nouvelles offres de prédiction.

Sur le terrain avec les pompiers

Spécialisée dans l’IA, la start-up Kayrros a ainsi mis au point une technologie pour prédire les incendies de forêt à partir de l’analyse d’images satellitaires. Depuis l’an dernier, l’assureur Axa propose un service de prévention des feux de forêt à ses clients en France, afin de visualiser les profils de risque et l’exposition des sites des entreprises. Pour affiner ses prédictions, le logiciel de Kayrros s’est entraîné sur des millions d’images, combinant une vingtaine de facteurs de risque (nature des sols, relief, végétation, comportement des argiles...). Ses experts sont aussi allés sur le terrain avec des équipes de pompiers pour déterminer les paramètres à prendre en compte. Une technologie que la jeune pousse vient aussi d’adapter à la prévention des inondations.

Mais ce segment n’est pas l’apanage des petites structures. Thales travaille par exemple sur un système de gestion de vol qui intègre une meilleure prédiction des phénomènes météorologiques, et en particulier des orages et turbulences, pour les éviter en temps réel. Le système devrait équiper la flotte commerciale d’Airbus fin 2026. Aux États-Unis, Google doit participer en 2025 au lancement d’une nouvelle constellation de satellites, entièrement dédiée au repérage des départs de feu. Preuve que le besoin est encore loin d’être couvert. #